Londres fascine autant qu’elle intimide. Capitale vibrante, cosmopolite et résolument tournée vers l’international, elle attire chaque année des milliers de Français en quête de nouvelles opportunités professionnelles ou simplement d’un changement de vie radical. Mais s’expatrier à Londres ne s’improvise pas, surtout depuis le Brexit qui a bouleversé les règles du jeu. Entre démarches administratives, recherche de logement dans un marché tendu et adaptation à un système totalement différent, l’aventure britannique demande une préparation minutieuse.
Vivre à Londres, c’est accepter un rythme effréné, des loyers astronomiques et une météo capricieuse, mais c’est aussi découvrir une ville où tout semble possible. Les opportunités de carrière y sont exceptionnelles, la diversité culturelle inégalée, et l’énergie palpable à chaque coin de rue. Ce guide vous accompagne pas à pas dans votre projet d’expatriation, avec des conseils pratiques, des chiffres récents et des informations essentielles pour transformer votre rêve londonien en réalité concrète.
- Les formalités administratives post-Brexit
- Trouver un logement dans la jungle londonienne
- Le système de santé britannique expliqué
- Décrocher un emploi sur le marché londonien
- S’adapter au mode de vie britannique
- Les aspects financiers et bancaires essentiels
- Tisser son réseau social et professionnel
- Scolarisation des enfants expatriés
- Les quartiers londoniens décryptés
- Foire aux questions
Les formalités administratives post-Brexit
Le Brexit a radicalement transformé les conditions d’installation pour les Européens. Désormais, les citoyens français doivent obtenir un visa pour travailler et résider légalement au Royaume-Uni. Le visa le plus courant reste le Skilled Worker Visa, qui nécessite une offre d’emploi d’un sponsor agréé par le Home Office. Votre futur employeur doit figurer sur la liste officielle des sponsors et vous proposer un salaire minimum de £38,700 par an (ou £30,960 pour certains métiers en tension).
La procédure se fait entièrement en ligne et coûte entre £625 et £1,423 selon la durée du visa, auxquels s’ajoute la santé surcharge (Immigration Health Surcharge) d’environ £1,035 par an. Prévoyez également des frais de biométrie et comptez 3 à 8 semaines de délai de traitement. D’autres options existent : le Graduate Visa pour les jeunes diplômés d’universités britanniques, le Global Talent Visa pour les profils hautement qualifiés, ou encore le visa investisseur pour les entrepreneurs disposant de capitaux conséquents.

Une fois sur place, vous devrez demander votre National Insurance Number (NIN), l’équivalent de notre numéro de sécurité sociale. Cette démarche gratuite se fait par téléphone ou en ligne et prend généralement 2 à 4 semaines. Le NIN est indispensable pour travailler légalement et payer vos impôts. N’oubliez pas de vous inscrire auprès de l’ambassade de France via le registre des Français établis hors de France, une démarche facultative mais fortement recommandée pour faciliter vos démarches consulaires.
Trouver un logement dans la jungle londonienne
Le marché immobilier londonien est légendaire pour ses prix stratosphériques et sa compétitivité féroce. En 2025, le loyer moyen pour un studio en zone 1-2 oscille entre £1,500 et £2,200 par mois, tandis qu’un appartement deux chambres atteint facilement £2,500 à £3,500. Les quartiers centraux comme Kensington, Chelsea ou Westminster affichent des tarifs encore plus vertigineux, tandis que des zones comme Stratford, Clapham ou Brixton offrent des alternatives plus abordables tout en restant bien desservies par les transports.
La recherche commence généralement sur des plateformes comme Rightmove, Zoopla ou SpareRoom pour les colocations. Préparez-vous à réagir vite : les biens partent souvent en quelques heures. Les agences exigent des références professionnelles et un dépôt de garantie équivalent à 5 semaines de loyer depuis la réglementation de 2019. Sans historique de crédit britannique, certains propriétaires demandent 6 à 12 mois de loyer d’avance, une pratique courante pour les nouveaux arrivants.
Les quartiers se choisissent selon vos priorités. Shoreditch et Hackney séduisent les créatifs avec leur ambiance underground et leurs cafés branchés. Clapham et Balham attirent les jeunes professionnels avec leurs parcs et leur vie nocturne. Notting Hill charme par son élégance, tandis que Canary Wharf convient aux banquiers et consultants travaillant dans le quartier financier. Les familles privilégient souvent Richmond, Wimbledon ou Greenwich pour leurs espaces verts et leurs bonnes écoles. Le critère majeur reste toujours la proximité d’une station de métro ou d’un arrêt de bus efficace.
Le système de santé britannique expliqué
Le NHS (National Health Service) fonctionne différemment du système français. Gratuit au point de service, il s’avère parfois lent pour les consultations non urgentes. Votre première étape consiste à vous inscrire auprès d’un GP (General Practitioner), votre médecin traitant de quartier. Cette inscription gratuite se fait en présentant simplement une preuve d’adresse et votre passeport. Le GP devient votre porte d’entrée obligatoire vers le système : impossible de consulter un spécialiste sans sa référence.
Les délais d’attente peuvent frustrer, surtout pour les rendez-vous non urgents qui s’étalent parfois sur plusieurs semaines. Les urgences dentaires et ophtalmologiques ne sont pas toujours bien couvertes par le NHS. Beaucoup d’expatriés souscrivent donc une assurance santé privée complémentaire (entre £50 et £200 par mois) pour accéder rapidement aux spécialistes et bénéficier de meilleurs services. Les pharmacies Boots omniprésentes permettent d’acheter certains médicaments en vente libre et de recevoir des conseils de pharmaciens compétents.

L’IHS que vous payez lors de votre demande de visa vous donne accès complet au NHS pendant toute la durée de votre visa. Conservez précieusement tous vos documents médicaux français et faites-les traduire si nécessaire, surtout si vous suivez un traitement au long cours ou souffrez d’une pathologie chronique nécessitant un suivi régulier.
Décrocher un emploi sur le marché londonien
Londres brille par son dynamisme économique exceptionnel. La finance domine avec la City et Canary Wharf qui concentrent banques, hedge funds et sociétés de trading. La tech explose à Shoreditch et King’s Cross avec des milliers de startups et les bureaux européens des géants américains. Le secteur créatif prospère dans les médias, la publicité, la mode et le design. Les cabinets de conseil et les Big Four recrutent massivement des profils internationaux.
Les salaires londoniens impressionnent mais doivent être relativisés face au coût de la vie. Un junior en finance gagne entre £35,000 et £50,000, un développeur expérimenté entre £55,000 et £85,000, tandis qu’un consultant senior peut atteindre £70,000 à £100,000. Le système de rémunération inclut souvent des bonus substantiels, surtout dans la finance où ils représentent parfois 50% du package total. Les congés payés légaux se limitent à 28 jours incluant les jours fériés, contre nos 25 jours ouvrés plus les jours fériés en France.
LinkedIn domine le recrutement, suivi par Reed, Indeed et les agences spécialisées comme Michael Page ou Robert Half. Le CV britannique diffère du CV français : une page, aucune photo, aucune mention d’âge ou de situation familiale pour éviter toute discrimination. Les entretiens privilégient les questions comportementales et les mises en situation concrètes. Préparez des exemples précis démontrant vos compétences avec la méthode STAR (Situation, Task, Action, Result). Le marché valorise l’attitude positive, la flexibilité et la capacité à networker efficacement.
S’adapter au mode de vie britannique
La culture londonienne diffère subtilement mais profondément de nos habitudes françaises. Les Britanniques cultivent la politesse formelle : on dit « sorry » pour tout, on fait la queue religieusement, et on évite soigneusement de déranger son voisin dans le métro. L’humour second degré irrigue toutes les conversations, et la frontière entre vie professionnelle et personnelle reste plus marquée qu’en France.
Le rythme quotidien s’organise différemment. Le petit-déjeuner copieux laisse place à des déjeuners rapides pris sur le pouce, souvent un sandwich avalé au bureau. Les after-work pub règnent en maîtres pour socialiser avec les collègues. Le dîner se prend tôt, vers 18h-19h, et les restaurants ferment leurs cuisines vers 21h-22h. Le week-end, les Londoniens envahissent les parcs dès la première éclaircie, pique-niquent sur l’herbe humide et pratiquent assidûment le brunch dominical qui s’étire jusqu’à 15h.

Les transports publics structurent la vie londonienne. L’Oyster Card ou la carte sans contact reste indispensable pour emprunter le Tube, les bus et les trains de banlieue. Une travelcard zones 1-2 coûte environ £160 par mois, mais plafonne automatiquement le tarif journalier. Le métro ferme vers minuit en semaine (sauf Night Tube le week-end sur certaines lignes), remplacé par un réseau de bus de nuit efficace. Beaucoup d’expatriés adoptent le vélo grâce aux pistes cyclables en expansion et aux Boris Bikes en libre-service.
Les aspects financiers et bancaires essentiels
Ouvrir un compte bancaire britannique constitue une priorité absolue. Les banques traditionnelles (Barclays, HSBC, Lloyds) exigent généralement une preuve d’adresse récente et votre passeport. Sans adresse fixe immédiate, des néobanques comme Monzo, Revolut ou Starling facilitent l’ouverture de compte avec simplement un selfie et quelques informations. Ces applications modernes offrent d’excellents services, zéro frais sur les paiements internationaux et une gestion budgétaire simplifiée.
Le système fiscal britannique fonctionne différemment. L’impôt sur le revenu se prélève directement à la source (PAYE – Pay As You Earn) avec des tranches progressives : 0% jusqu’à £12,570, 20% entre £12,571 et £50,270, 40% entre £50,271 et £125,140, puis 45% au-delà. La déclaration fiscale annuelle (Self Assessment) ne concerne que certains cas spécifiques. Attention à votre statut de résident fiscal : après 183 jours passés au Royaume-Uni dans l’année, vous devenez résident fiscal britannique avec des obligations déclaratives dans les deux pays.
Le coût de la vie mord sérieusement le budget. Un repas au restaurant coûte £15-£25, une pinte de bière £6-£7, un café £3-£4. Les courses alimentaires reviennent 20 à 30% plus cher qu’en France, sauf chez les discounters comme Lidl ou Aldi. La council tax (taxe d’habitation) varie entre £100 et £250 par mois selon le quartier et la taille du logement. Les factures d’énergie ont explosé récemment, comptez £150-£250 mensuels selon la superficie et l’isolation. Prévoyez un budget mensuel global de £2,500 à £3,500 pour vivre confortablement seul en zone 2-3.
Tisser son réseau social et professionnel
L’isolement guette souvent les nouveaux expatriés perdus dans la masse londonienne de 9 millions d’habitants. Heureusement, la ville regorge d’opportunités pour créer des connexions authentiques. Les groupes Facebook d’expatriés français à Londres comptent des dizaines de milliers de membres actifs qui partagent conseils, bons plans et organisent régulièrement des apéros ou sorties culturelles.
Meetup.com propose des centaines d’événements hebdomadaires autour de tous les centres d’intérêt imaginables : randonnée, photographie, yoga, clubs de lecture, soirées jeux de société. Les clubs de sport et les salles de fitness comme PureGym ou The Gym Group favorisent les rencontres, tout comme les cours du soir proposés par les universités ou organisations comme City Lit. Le volontariat constitue également une excellente façon de s’intégrer tout en contribuant à la communauté locale.
Professionnellement, le networking revêt une importance capitale dans la culture britannique. Les événements d’industrie, conférences et after-works se multiplient constamment. N’hésitez pas à solliciter des coffee meetings avec des contacts LinkedIn, une pratique courante et appréciée. Les Britanniques adorent connecter les gens entre eux, alors cultivez votre réseau activement dès les premiers mois pour maximiser vos opportunités de carrière et d’épanouissement personnel.

Scolarisation des enfants expatriés
Les familles doivent naviguer dans un système éducatif structuré différemment. L’école publique britannique (state school) reste gratuite et de qualité variable selon les quartiers. Les grammar schools, sélectives sur examen, offrent un excellent niveau académique. Les écoles privées (independent schools) coûtent entre £15,000 et £40,000 par an mais garantissent des infrastructures exceptionnelles et des résultats remarquables.
Le Lycée français Charles de Gaulle à South Kensington propose le programme français complet de la maternelle au baccalauréat. Les frais de scolarité oscillent entre £4,000 et £7,000 par an selon le niveau, bien moins cher que les écoles privées britanniques tout en maintenant le lien avec le système français. D’autres options bilingues existent comme l’école Jeannine Manuel ou des écoles internationales suivant le programme IB (International Baccalaureate).
Les inscriptions dans les bonnes écoles publiques se révèlent compétitives et dépendent strictement de votre adresse. Certaines familles achètent ou louent stratégiquement dans le catchment area d’écoles réputées, faisant grimper les prix immobiliers de ces quartiers prisés. Anticipez ces démarches plusieurs mois avant votre arrivée pour sécuriser une place.
Les quartiers londoniens décryptés
Choisir son quartier détermine votre expérience londonienne. Chaque zone possède sa personnalité unique et attire un profil spécifique d’habitants. Voici un tour d’horizon des principaux secteurs :
- Camden et Kentish Town : ambiance bohème, marchés alternatifs, vie nocturne rock, jeune et décalée
- Islington et Angel : classe moyenne supérieure, restaurants gastronomiques, théâtres, atmosphère branchée mais familiale
- Clapham et Battersea : territoire des jeunes professionnels français, vie sociale intense, nombreux pubs et brunchs
- Greenwich et Blackheath : charme villageois, espaces verts, parfait pour les familles, atmosphère plus tranquille
- Brixton et Peckham : diversité culturelle, scène artistique émergente, prix plus accessibles, en pleine gentrification
- Hammersmith et Fulham : bien desservi, quartiers résidentiels agréables, entre tradition et modernité
La distance au centre se mesure en zones. Les zones 1-2 concentrent l’emploi et les attractions mais affichent des loyers prohibitifs. Les zones 3-4 offrent un meilleur rapport qualité-prix avec des trajets de 30-45 minutes vers le centre. Au-delà de la zone 4, vous entrez dans la grande banlieue londonienne où l’on trouve davantage de maisons avec jardin mais au prix de trajets quotidiens longs et coûteux.

Foire aux questions
Combien faut-il économiser avant de s’expatrier à Londres ?
Prévoyez un coussin financier minimum de £5,000 à £8,000 pour couvrir le dépôt de garantie (équivalent à 5 semaines de loyer), le premier mois de loyer, les frais d’agence éventuels, l’installation dans le logement, et vos dépenses courantes pendant les premières semaines avant votre premier salaire. Si vous cherchez un emploi sur place sans offre préalable, doublez cette somme pour tenir plusieurs mois sans revenus dans une ville très chère.
Peut-on s’installer à Londres sans parler anglais couramment ?
Techniquement possible dans la communauté française nombreuse, mais fortement déconseillé. Un niveau B2 minimum s’impose pour travailler efficacement, gérer les démarches administratives et s’intégrer socialement. Les employeurs exigent généralement un anglais professionnel fluide, surtout pour les postes qualifiés. Investissez dans des cours intensifs avant votre départ ou dès votre arrivée pour maximiser vos chances de réussite et éviter un isolement frustrant.
Le Brexit complique-t-il vraiment l’expatriation des Français ?
Absolument. Depuis 2021, les Français ne peuvent plus simplement arriver et chercher du travail comme avant. Vous devez décrocher une offre d’emploi auprès d’un sponsor agréé avant de partir, puis obtenir votre visa depuis la France. Les démarches sont devenues plus longues, coûteuses (comptez £2,000-£3,000 de frais) et restrictives. Cependant, pour les profils qualifiés dans les secteurs en demande, les opportunités restent excellentes et les employeurs britanniques continuent d’embaucher massivement des talents internationaux.
Quelle est la meilleure période pour déménager à Londres ?
Septembre-octobre représente le timing idéal. Le marché de l’emploi redémarre après l’été, le marché immobilier se dynamise, et vous avez le temps de vous installer avant les fêtes de fin d’année. Évitez décembre-janvier (période creuse, météo déprimante) et juillet-août (beaucoup de Londoniens en vacances, moins d’opportunités de networking). Le printemps constitue également une bonne fenêtre, avec une météo plus clémente qui facilite les visites de logements et l’adaptation à votre nouveau quotidien urbain sous un ciel moins gris.
