L’Islande , pays de feu et de glace, a un don pour renverser nos sens. Le vent porte l’odeur minérale du soufre, les collines fument comme si la terre respirait, et des bassins laiteux s’ouvrent au détour d’un champ de lave. Se glisser dans une eau à 38-42 °C quand le ciel s’embrase d’aurores ou que la pluie tapote le visage n’est pas un simple bain: c’est un petit rituel nordique, un retour à quelque chose d’à la fois primitif et incroyablement tendre. On y va pour le paysage, oui, mais on y reste pour le calme, les conversations à voix basse, et la sensation presque enfantine d’être au chaud pendant que tout autour frémit.
- Un pays qui bouillonne: ce qui se passe sous vos pieds
- Panorama des bains emblématiques
- Une baignade qui raconte un peuple
- Étiquette du bain: le petit guide qui change tout
- Quand partir: saisons et atmosphères
- Trois manières de vivre les sources chaudes
- Préparer son sac: le confort dans la vapeur
- Budget, réservations et petits calculs
- Respect et sécurité: la baignade responsable
- Sensations: ce que l’eau raconte à la peau
- Photographier sans déranger
- Autres bains et « hot pots » moins connus
- Manger, flâner, continuer
- Petits plus pour une journée autour du chaud
- Trois haltes citadines (au fil de l’eau)
- Adresses utiles (une seule fois chacune)
- Frequently Asked Questions
Un pays qui bouillonne: ce qui se passe sous vos pieds

Two people enjoy a serene soak in a geothermal hot spring in Iceland, amidst stunning mountain views and misty clouds above. The tranquil atmosphere invites relaxation and connection with nature.
L’Islande repose sur l’une des zones les plus actives de la planète: la dorsale médio-atlantique, qui fend l’île de part en part. À cette fracture s’ajoute un point chaud – un panache mantellique qui injecte de l’énergie depuis les profondeurs. Résultat: un réseau dense d’aquifères chauffés naturellement et d’évents géothermiques. L’eau de pluie et de fonte s’infiltre dans la roche poreuse, se réchauffe en profondeur, puis remonte par convection pour alimenter des sources chaudes, parfois limpides, parfois laiteuses à cause de la silice en suspension.
Au-delà de la carte postale, ces eaux composent une symphonie de minéraux: silice, soufre, sodium, traces de calcium et de potassium. Leur composition varie d’une vallée à l’autre – ce qui explique la diversité des textures et des couleurs, du bleu opalescent à l’émeraude. Vous verrez des mares bouillonnantes, des fumerolles qui chuintent, et des piscines aménagées où le bois sent l’humide. C’est brut, c’est beau, c’est simple.
Panorama des bains emblématiques
Blue Lagoon: l’icône opalescente

Blottie dans un champ de lave entre Reykjavik et l’aéroport de Keflavík, la Blue Lagoon offre une eau bleu-lait riche en silice et en algues. On vient pour ses passerelles flottantes, ses masques minéraux (un classique, presque un rite), et cette vapeur qui brouille les contours du monde. L’endroit est prisé – réservez. Mais au petit matin l’hiver, quand la lumière est encore grise, on a l’impression de dériver dans un rêve doux.
Sky Lagoon: la ligne d’horizon

Sky Lagoon: famous luxury spa resort in Reykjavik in winter sunny day
Plus urbaine, plus design, la Sky Lagoon à Kópavogur déploie un bord à débordement sur l’Atlantique. Le « Ritual » en sept étapes oscille entre chaleur et froid, vapeur et brouillard d’eucalyptus. On y goûte un autre chic islandais – minimal, boisé, silencieux – qui parle de bien-être autant que de paysage.
Secret Lagoon (Gamla Laugin) et la vallée fumante

À Flúðir, la Secret Lagoon est la plus ancienne piscine d’Islande. Un bassin simple, de la pierre, des zones où l’eau bouillonne en marge; on circule à pas lents, on écoute la pluie. C’est un décor de campagne, avec le bruit bas du monde. Moins spectaculaire que les grandes vedettes, pourtant mémorable par son authenticité.
Mývatn Nature Baths: le Nord et son souffle

Au nord, dans une région de volcans et de pseudo-cratères, les Mývatn Nature Baths sont souvent plus calmes. Le vent y a un goût sec, la lumière mord l’horizon, et l’eau – un peu soufrée – détend après une journée à explorer les champs de lave de Dimmuborgir. Ici, on comprend que le silence n’est pas vide: il est plein de sons très fins, d’écume, de gouttes, de respiration.
Seljavallalaug: la piscine au bout du sentier
Un bassin historique niché dans une vallée verte, la Seljavallalaug demande une courte marche. Les vestiaires sont rudimentaires, l’eau peut être fraîche selon la saison, mais l’ambiance… l’ambiance est unique, avec la falaise comme mur et le ciel comme toit. Ce n’est pas un spa, c’est une histoire.
Une baignade qui raconte un peuple
Se baigner fait partie de la vie islandaise: on discute politique dans un « hot pot », on réchauffe les vieux os, on initie les enfants à la patience de l’eau. Les piscines municipales – souvent alimentées par la géothermie – sont des places de village. Les sources chaudes, elles, racontent l’attachement à la nature et au temps lent. Pas d’ostentation: un vestiaire propre, des douches, une règle tacite qui tient en un mot – respect.
Étiquette du bain: le petit guide qui change tout
- Douches savonnées obligatoires avant l’entrée dans l’eau, sans maillot. Les Islandais y tiennent.
- Gardez les voix basses, les téléphones discrets; un bain est un espace de calme.
- Rincez tout produit (cheveux, corps) pour ne pas perturber la chimie de l’eau.
- Pas d’alcool dans les bassins – et surtout pas de verre.
- Respectez les zones chaudes: s’asseoir, respirer, se lever si c’est trop.
Si vous avez un doute, observez. Les gestes sont simples et contagieux: on cède la place, on sourit, on parle peu. Oui parfois on oublie une règle, ce n’est pas grave – l’essentiel c’est de corriger vite, et d’être attentif aux autres.
Quand partir: saisons et atmosphères

Chaque mois propose une version différente du même bonheur. L’été, l’eau se teinte de reflets laiteux sous un soleil presque permanent; on sort du bassin pour regarder une lueur sans fin. L’automne offre des couleurs de mousse et de lichens mêlées au souffle plus froid du vent. L’hiver, c’est l’apothéose des contrastes: flocons qui fondent sur les joues, ciel noir et vert d’aurores, buée qui fait des couronnes autour des têtes. Et au printemps, la terre se délie, les torrents ronflent, les sources fument d’impatience .
Trois manières de vivre les sources chaudes
1) City-break sans voiture

Basé à Reykjavik, vous pouvez rayonner en navette vers des bains aménagés. Combinez un matin à la Sky Lagoon, une promenade au port, puis un dîner de poisson du jour. Pour explorer l’histoire et les paysages autour de la capitale, jetez un oeil aux Excursions à Reykjavik – pratiques si vous ne conduisez pas.
2) Anneau d’Or et vallées fumantes

Le circuit Þingvellir – Geysir – Gullfoss est un classique. Au parc national de Þingvellir, on marche entre deux continents, littéralement; à Geysir, on attend le jaillissement – petite histoire de patience et de surprise. On finit en douceur dans un bassin de campagne. Le contraste entre l’énergie de la terre et le calme de l’eau rend la journée presque méditative.
3) Route du Nord et bains plus sauvages

Experience the breathtaking beauty of Myvatn craters in Iceland, showcasing unique volcanic geology amidst serene lake reflections under a clear blue sky. Nature lovers and photographers rejoice.
Autour du lac Mývatn, la route sinue entre solfatares et coulées anciennes. Les Mývatn Nature Baths complètent la journée: on s’y attarde en fin d’après-midi pour voir la lumière tomber. En bonus, une plongée dans l’histoire volcanique du pays, à la fois rude et généreuse.
Préparer son sac: le confort dans la vapeur
- Maillot de bain de rechange, pour ne pas voyager avec un tissu froid.
- Serviette qui sèche vite; si possible une housse étanche pour la remettre dans le sac.
- Sandales antidérapantes, surtout en hiver.
- Élastique à cheveux, respect des bassins oblige.
- Crème hydratante (après-bain) et eau, on oublie souvent de boire.
Un sac étanche compact simplifie la vie. Et si vous venez en hiver, un bonnet léger peut rendre les transitions plus douces – sortir de l’eau n’est pas un sprint mais un moment à apprivoiser.
Laissez votre serviette au plus près du bassin et emportez un petit sac plastique pour y glisser vos affaires tout de suite après. En sortant, séchez-vous rapidement, enfiliez le bonnet et marchez sans vous presser – c’est plus agréable qu’un sprint frigorifié.
Budget, réservations et petits calculs
Les bains très connus demandent souvent de réserver un créneau, surtout le week-end. Les prix varient, mais gardez à l’esprit que l’entretien de bassins en zone volcanique, l’eau chaude, les services – tout cela se paie. Bonne nouvelle: les piscines municipales sont abordables et excellentes. Pour le transport, comparez les billets vers Keflavík: depuis Paris, Europefly permet de garder un oeil sur les tarifs, parfois une semaine plus tôt ou plus tard fait une vraie différence .
Respect et sécurité: la baignade responsable
Les sources chaudes naturelles peuvent être très chaudes près des arrivées d’eau et parfois instables. Évitez de déplacer des pierres pour « améliorer » un bassin; vous pourriez faire jaillir une zone trop brûlante. Ne laissez aucune trace: pas de savon ni de shampoing dans la nature, pas de déchets. Et si un bassin se trouve sur une propriété privée, demandez – ou passez votre chemin. Le respect de ces lieux fragiles garantit qu’ils resteront accessibles.
Sensations: ce que l’eau raconte à la peau
On dit « relaxant », mais c’est un peu court. La chaleur enveloppe, défait les épaules, ralentit les pensées. La peau ressent autre chose qu’une température: une texture très douce, presque un velours minéral. Le bruit? Un petit crépitement d’eau chaude qui frappe la surface, le vent qui change de note selon les vallées, un corbeau qui traverse le ciel. On sort avec les joues rouges et le regard lavé, comme après avoir ri longtemps.
Photographier sans déranger

Back view of female tourist with backpack using smartphone for taking picture of hot springs, hipster wanderlust making image on smartphone camera of touristic place in USA with geyser in Yellowstone
La vapeur est un merveilleux filtre, mais aussi un piège pour les objectifs. Essuyez souvent la lentille, gardez le smartphone au sec, et demandez avant d’inclure d’autres baigneurs. Les meilleures images jouent la suggestion: silhouettes dans le brouillard, mains posées au bord, gouttes sur un peigne de cheveux. Moins on en montre, plus on raconte.
Autres bains et « hot pots » moins connus
L’Islande regorge de petits bassins, parfois indiqués par une pancarte de bois, parfois gardés « secrets » par les habitants. Sur la route des Hautes Terres, Landmannalaugar propose des bains naturels au milieu de ryolites multicolores. Sur la côte Ouest, des « hot tubs » en bord de mer vous font face aux vagues. Explorez, mais prudemment: météo changeante, pistes parfois fermées, et toujours l’éthique du lieu avant la photo.
Trois propositions qui mixent paysages, routes simples et bains incontournables. À ajuster selon la saison et la météo porteuse.
- 48 h depuis Reykjavik: Sky Lagoon, Secret Lagoon, courte marche côtière.
- 3-4 jours « Cercle d’Or »: Þingvellir – Geysir – Gullfoss + bain rural.
- Nord express: Hverir, Dimmuborgir, Mývatn Nature Baths au coucher.
- Variante sauvage: marche vers Seljavallalaug, nuit près des falaises du Sud.
Manger, flâner, continuer

close-up of delicious Icelandic Lamb Soup with vegetables and spices or kjotsupa in a stainless steel casserole pan and in bowl on wooden table with kitchen towel, traditional recipe, view from above
Après un bain, on a souvent faim – une faim simple, nette. À Reykjavik, les cafés sentent la cannelle et le café torréfié; dans le Nord, on aime un plat de poisson chaud face au vent. Et si l’on veut encore traîner dans l’eau, pourquoi ne pas revenir de nuit? La même source, à une autre heure, raconte une autre histoire.
Petits plus pour une journée autour du chaud
On peut combiner la baignade avec une balade entre fissures continentales ou une visite au bord d’un port. L’idée est de garder du temps libre: 20 minutes de rien, juste pour regarder la vapeur filer. Et si vous êtes d’humeur urbaine, un détour par une piscine municipale vous donnera un portrait sincère du quotidien islandais – conversations, rires, rythme calme.
Trois haltes citadines (au fil de l’eau)

Reykjavík, Iceland – November 26, 2024: Te and Kaffi Icelandic coffee roastery shop
- Un café près du vieux port de Reykjavik pour réchauffer les mains.
- Un crochet par une librairie: cartes, essais, curiosités sur l’Islande volcanique.
- Une promenade de fin de journée le long de la mer, bonnet vissé.
Le soir, les lampadaires dessinent des cercles de lumière, et l’on rentre en se disant qu’on a vécu quelque chose de très simple – presque discret – mais durable. Vous verrez: la vapeur laisse une trace dans la mémoire.
Adresses utiles (une seule fois chacune)
Les lieux cités dans cet article ne sont pas exhaustifs. Pour vous repérer: Blue Lagoon près de Keflavík, Sky Lagoon à Kópavogur, Mývatn Nature Baths au nord, Seljavallalaug dans le Sud. Une journée de visites peut facilement intégrer une halte culturelle, une marche, puis un bain: rythme idéal pour écouter ce que le paysage a à dire.
