Everest Base Camp ou Annapurna : quel trek choisir ?

Everest Base Camp ou Annapurna : quel trek choisir ?

Le Népal représente sans conteste l’une des destinations les plus convoitées par les amateurs de randonnée en haute altitude à travers le monde. Entre ses sommets mythiques qui frôlent le ciel et ses vallées reculées où le temps semble s’être arrêté, ce petit pays niché entre l’Inde et le Tibet offre des expériences inoubliables aux trekkeurs de tous horizons. Parmi la multitude de sentiers qui serpentent à travers l’Himalaya, deux itinéraires se démarquent particulièrement et cristallisent les rêves des aventuriers : le célèbre trek de l’Everest Base Camp (EBC) et le tour des Annapurnas.

Ces deux parcours légendaires attirent chaque année des dizaines de milliers de marcheurs venus des quatre coins de la planète, chacun cherchant à vivre sa propre épopée himalayenne. Mais voilà, lorsqu’on dispose de quelques semaines de congés précieuses et d’un budget limité, le dilemme devient cornélien : faut-il partir à l’assaut du camp de base de la plus haute montagne du monde, ou plutôt s’immerger dans la diversité spectaculaire du massif des Annapurnas ?

🏔️ La question mérite d’être posée car ces deux expériences, bien que toutes deux situées au Népal, proposent des aventures radicalement différentes en termes de paysages, de difficulté physique, d’immersion culturelle et même de budget nécessaire pour les accomplir.

L’Everest Base Camp

Marcher jusqu’au camp de base de l’Everest constitue une expérience quasi mystique pour quiconque nourrit une passion pour la montagne et l’aventure. Ce trek démarre généralement à Lukla, un petit village perché à 2 840 mètres d’altitude, accessible uniquement par avion depuis Katmandou dans des conditions qui font monter l’adrénaline dès le départ. L’atterrissage sur cette piste courte et inclinée, considérée comme l’une des plus dangereuses au monde, marque déjà le début d’une aventure hors du commun.

Une fois les pieds posés sur le tarmac de cette minuscule piste, les trekkeurs entament une progression graduelle à travers la vallée du Khumbu, territoire ancestral du peuple Sherpa dont la culture bouddhiste imprègne chaque pierre, chaque mani wall et chaque monastère rencontré sur le chemin. Le sentier traverse des villages pittoresques comme Phakding, Namche Bazaar (véritable capitale sherpa à 3 440 mètres), Tengboche avec son monastère iconique offrant une vue frontale sur l’Ama Dablam, puis Dingboche et Lobuche avant d’atteindre finalement Gorak Shep et le camp de base situé à 5 364 mètres d’altitude.

camp de base de l'Everest

L’itinéraire classique s’étend sur une douzaine de jours minimum, mais les trekkeurs avisés optent généralement pour 14 à 16 jours afin de s’acclimater correctement à l’altitude et réduire ainsi les risques de mal aigu des montagnes (MAM). L’un des points culminants de ce parcours reste indéniablement l’ascension du Kala Patthar à l’aube, ce sommet de 5 643 mètres qui offre une vue panoramique absolument époustouflante sur l’Everest, le Lhotse, le Nuptse et toute la chaîne himalayenne baignée dans les premières lueurs dorées du jour. Cette vision reste gravée à jamais dans la mémoire des marcheurs qui ont eu la chance d’y assister.

Le trek vers l’EBC se caractérise également par une atmosphère particulière, presque électrique, née de la proximité avec le toit du monde et de la rencontre avec les alpinistes internationaux qui préparent leur tentative d’ascension. Les lodges, bien que relativement confortables sur la première partie du trek, deviennent plus rudimentaires à mesure que l’on gagne en altitude, mais l’hospitalité sherpa compense largement ces conditions spartiates.

Niveau difficulté physique, ce trek ne nécessite aucune compétence technique en alpinisme, mais exige une excellente condition cardiovasculaire et une bonne préparation mentale pour affronter les longues journées de marche en altitude, le froid parfois mordant et la raréfaction progressive de l’oxygène qui rend chaque pas un peu plus laborieux au-delà de 4 500 mètres.

Le tour des Annapurnas

De l’autre côté du spectre himalayen, le tour des Annapurnas propose une expérience totalement différente qui séduit par son incroyable variété de paysages et d’ambiances. Ce circuit complet, considéré par beaucoup comme l’un des plus beaux treks au monde, fait le tour du massif des Annapurnas en traversant successivement des vallées verdoyantes de rizières en terrasses, des forêts subtropicales luxuriantes, des gorges profondes sculptées par des rivières tumultueuses, des zones arides rappelant le plateau tibétain, avant de redescendre à travers des rhododendrons géants vers des climats plus tempérés.

Cette diversité exceptionnelle s’explique par le fait que le sentier passe d’environ 800 mètres d’altitude dans les basses vallées jusqu’au col du Thorong La culminant à 5 416 mètres, créant ainsi une gamme climatique et botanique d’une richesse extraordinaire sur un seul et même itinéraire. Traditionnellement, le tour complet prenait entre 18 et 21 jours, mais la construction d’une route suivant en partie le tracé historique a modifié la donne, permettant désormais aux trekkeurs de réaliser des versions raccourcies en commençant plus haut dans la vallée.

L’immersion culturelle représente l’un des atouts majeurs du tour des Annapurnas par rapport à l’Everest. En effet, ce trek traverse une mosaïque de communautés ethniques distinctes : les Gurungs dans les basses vallées, les Manangis dans la haute vallée de la Marsyangdi, les populations d’influence tibétaine autour de Manang et dans la vallée de Muktinath, sans oublier les Thakalis renommés pour leur sens de l’hospitalité. Chaque village possède son architecture spécifique, ses traditions culinaires et ses pratiques religieuses, offrant ainsi une plongée anthropologique fascinante au cœur du Népal rural.

tour des Annapurnas au Népal

Le passage du Thorong La constitue évidemment le moment le plus exigeant physiquement du trek, généralement franchi aux premières heures du jour pour profiter de conditions météorologiques plus stables et éviter les vents violents qui peuvent se lever en milieu de journée. Cette traversée de haute altitude demande une acclimatation soigneuse, et le village de Manang, situé à 3 540 mètres, sert traditionnellement de point d’arrêt pour effectuer des randonnées d’acclimatation avant la grande traversée. 😊 Les lodges le long du circuit des Annapurnas sont généralement bien développés et offrent un confort correct, avec parfois même de l’eau chaude et du wifi dans certaines étapes, luxe appréciable après une longue journée de marche.

L’autre avantage notable de ce trek réside dans la possibilité de l’adapter facilement en fonction de son niveau ou de ses contraintes de temps, en optant par exemple pour le Annapurna Base Camp seul (plus court mais tout aussi spectaculaire), ou en combinant différentes portions selon ses envies.

Comparaison pratique

Quand vient le moment de choisir entre ces deux treks mythiques, les considérations pratiques pèsent souvent autant que les préférences personnelles en matière de paysages ou d’expériences recherchées. Sur le plan budgétaire, le trek de l’Everest Base Camp s’avère généralement plus onéreux que celui des Annapurnas, principalement en raison du coût du vol vers Lukla qui peut osciller entre 150 et 400 dollars selon la saison et les conditions de réservation. À cela s’ajoute le fait que les prix dans la région du Khumbu sont structurellement plus élevés en raison de l’isolement géographique et du coût d’acheminement des marchandises, soit par porteurs, soit par hélicoptère pour les établissements les plus hauts.

Un repas dans un lodge à Namche Bazaar coûtera significativement plus cher qu’un repas équivalent à Manang ou Jomsom, et cette différence s’accentue encore à mesure que l’on monte vers Gorak Shep. Les Annapurnas bénéficient en effet d’un accès routier qui permet un approvisionnement plus facile et donc des tarifs plus contenus, même si la différence se réduit progressivement ces dernières années avec l’afflux touristique croissant.

Du point de vue logistique, l’Everest impose de gérer le vol pour Lukla, souvent sujet à des retards voire des annulations en cas de mauvaises conditions météorologiques, ce qui nécessite de prévoir des jours de marge dans son planning global au Népal. Cette incertitude peut générer un certain stress, surtout pour ceux qui ont des vols internationaux à respecter. À l’inverse, le départ pour les Annapurnas se fait généralement depuis Pokhara par la route, option beaucoup plus prévisible même si elle implique plusieurs heures de trajet parfois chaotique sur des pistes poussiéreuses.

Singu Chuli annapurna nepal

Concernant les permis, l’EBC requiert le permis du parc national de Sagarmatha et la carte TIMS, tandis que les Annapurnas nécessitent le permis ACAP (Annapurna Conservation Area Project) et également la carte TIMS. Les formalités restent relativement similaires dans les deux cas, avec des coûts comparables.

La question de la saison optimale mérite également réflexion. Les deux treks se pratiquent idéalement durant les mêmes périodes : au printemps (mars-avril-mai) et à l’automne (octobre-novembre), lorsque les conditions météorologiques sont les plus stables avec un ciel généralement dégagé offrant une visibilité maximale sur les sommets. L’automne remporte souvent les suffrages avec ses journées fraîches mais ensoleillées et une atmosphère cristalline parfaite pour la photographie. Le printemps offre l’avantage supplémentaire des rhododendrons en fleurs sur les Annapurnas, spectacle naturel d’une beauté saisissante.

L’hiver reste envisageable sur les deux itinéraires mais implique des températures glaciales en altitude et un risque de fermeture du Thorong La sur les Annapurnas. La mousson estivale (juin-septembre) rend ces treks beaucoup moins agréables avec des précipitations fréquentes, des sangsues dans les forêts basses, une visibilité réduite et des risques de glissements de terrain, bien que certains trekkeurs apprécient la quiétude et les tarifs réduits de cette période creuse. 🌄

Difficultés physiques et défis à relever sur chaque itinéraire

Aborder honnêtement la question de la difficulté physique constitue un élément crucial dans le processus de décision entre ces deux treks légendaires. Bien qu’aucun des deux ne nécessite de compétences techniques en alpinisme ou en escalade, ils représentent néanmoins des défis physiques substantiels qui ne doivent pas être sous-estimés, surtout pour des personnes peu habituées à l’effort en altitude. L’Everest Base Camp se caractérise par une montée progressive mais constante, avec des étapes quotidiennes qui peuvent durer entre 5 et 8 heures de marche selon les journées et le rythme adopté. La principale difficulté réside dans l’altitude croissante et la diminution progressive de l’oxygène disponible, qui rend l’effort cardio-respiratoire de plus en plus intense au fil des jours.

Les trekkeurs doivent impérativement respecter le principe de l’acclimatation progressive, en intégrant des journées de repos actif à Namche Bazaar et à Dingboche notamment, durant lesquelles on monte plus haut dans la journée avant de redescendre dormir plus bas selon l’adage montagnard « climb high, sleep low ». Le dénivelé cumulé sur l’ensemble du trek avoisine les 8 000 mètres en montée et autant en descente puisqu’on effectue le retour par le même itinéraire, ce qui sollicite intensément les articulations, particulièrement les genoux lors des longues descentes sur sentiers rocailleux.

Thorong Peak : trekking et ascension dans les Annapurnas

Le tour des Annapurnas présente un profil d’effort différent avec des journées généralement moins longues en termes de durée, mais une plus grande variété dans les types de terrain rencontrés. La progression s’effectue à travers des montées et descentes successives plutôt qu’une ascension linéaire, ce qui peut s’avérer plus éprouvant pour certains en raison des variations constantes d’effort musculaire. Le franchissement du Thorong La représente sans conteste le moment critique du trek, avec un départ souvent fixé vers 4 ou 5 heures du matin depuis Thorong Phedi ou High Camp, et une montée raide de plusieurs heures dans l’obscurité puis à l’aube jusqu’au col venteux à 5 416 mètres. Cette journée particulièrement exigeante demande une excellente préparation physique et mentale, d’autant que les conditions peuvent devenir difficiles en cas de vent fort ou de chutes de neige.

Le taux de réussite reste néanmoins très élevé pour les trekkeurs correctement acclimatés et bien préparés. La descente abrupte vers Muktinath qui suit le passage du col met à rude épreuve les genoux et les cuisses, avec un dénivelé négatif de près de 1 600 mètres à encaisser sur quelques heures. Un aspect parfois négligé concerne l’impact des troubles gastro-intestinaux qui peuvent affecter les marcheurs durant ces treks, conséquence d’une alimentation différente, d’une hygiène parfois approximative et du stress physiologique de l’altitude, ces désagréments pouvant sérieusement compromettre la progression et le plaisir de l’expérience.

Les critères essentiels pour faire son choix

Face à ces deux options extraordinaires, plusieurs éléments personnels doivent guider votre décision finale. Posez-vous d’abord la question de vos motivations profondes : êtes-vous attiré par le prestige symbolique de fouler le camp de base de la plus haute montagne du monde et de marcher littéralement dans les traces des grands himalayistes ? Ou bien privilégiez-vous la découverte d’une diversité maximale de paysages et de cultures au cours d’un même périple ? L’Everest offre cette connexion émotionnelle unique avec un sommet mythique qui fait vibrer l’imaginaire collectif depuis des décennies, tandis que les Annapurnas séduisent par leur aspect plus complet et varié, offrant finalement davantage de « bang for your buck » en termes de richesse d’expériences différentes condensées sur un seul trek.

Votre niveau de forme physique actuel et le temps disponible pour vous préparer constituent également des facteurs déterminants. Si vous disposez de 12 à 14 jours de marche, l’EBC devient réalisable avec un programme serré mais faisable, tandis que le tour complet des Annapurnas demande plutôt 15 à 18 jours minimum pour être apprécié sans précipitation excessive. Les trekkeurs disposant de moins de temps peuvent néanmoins opter pour l’Annapurna Base Camp seul, accessible en 7 à 10 jours et offrant des vues spectaculaires sur l’amphithéâtre de sommets qui entoure le sanctuaire des Annapurnas.

Votre sensibilité à l’altitude représente un autre critère à considérer sérieusement : certaines personnes tolèrent mieux que d’autres la raréfaction de l’oxygène, et si vous avez déjà expérimenté des symptômes prononcés de mal des montagnes lors de séjours précédents en altitude, il convient d’en tenir compte dans votre choix et votre préparation.

L’aspect social et l’affluence sur les sentiers peuvent également influencer votre décision selon votre personnalité. L’Everest Base Camp attire davantage de trekkeurs, particulièrement durant les périodes de haute saison où le sentier peut paraître parfois un peu « autoroute » avec une succession ininterrompue de groupes dans certaines sections populaires. Les Annapurnas, malgré leur popularité croissante, offrent encore davantage de moments de solitude et de connexion intime avec l’environnement montagnard, particulièrement si vous choisissez de réaliser le circuit dans le sens antihoraire (moins fréquenté) ou d’explorer certaines variantes moins empruntées. 🏞️

Points clés à considérer avant de partir

  • Budget global : prévoyez entre 1 200 et 2 000 euros par personne incluant vols internationaux, permis, guide/porteur éventuel, hébergement, repas, équipement et marge de sécurité pour les imprévus comme un vol en hélicoptère d’évacuation
  • Préparation physique : entamez un programme d’entraînement cardiovasculaire au moins 3 mois avant le départ, incluant randonnées avec dénivelé important, course à pied, vélo ou natation pour développer votre endurance
  • Équipement adapté : investissez dans de bonnes chaussures de trek déjà rodées, un sac de couchage performant pour températures négatives, des vêtements en couches techniques et une doudoune de qualité
  • Assurance voyage : souscrivez impérativement une assurance couvrant les frais médicaux en haute altitude et l’évacuation par hélicoptère, ces services coûtant plusieurs milliers d’euros sans couverture
  • Accompagnement : décidez si vous souhaitez partir en autonomie (possible sur les deux treks avec les lodges), avec un guide local (recommandé pour la sécurité et l’enrichissement culturel), ou via une agence organisée
  • Acclimatation : respectez scrupuleusement les paliers d’acclimatation recommandés et descendez immédiatement en cas de symptômes sérieux de mal aigu des montagnes comme maux de tête persistants, nausées importantes ou confusion
  • Flexibilité : conservez des jours de marge dans votre planning global pour gérer les retards météo, les journées de repos imprévues ou simplement pour savourer un village particulièrement attachant
  • Conscience environnementale : adoptez une attitude responsable en respectant les principes du Leave No Trace, en limitant votre consommation de plastique et en soutenant l’économie locale de manière éthique

Au final, il n’existe pas de mauvais choix entre l’Everest Base Camp et les Annapurnas – seulement celui qui correspondra le mieux à votre condition physique, vos aspirations personnelles, vos contraintes de temps et votre budget. Nombreux sont les passionnés d’Himalaya qui finissent par réaliser les deux treks à quelques années d’intervalle, chacun apportant sa dose unique de défis, d’émerveillement et de souvenirs impérissables. L’essentiel reste de partir bien préparé, l’esprit ouvert et le cœur disponible pour recevoir tout ce que ces montagnes extraordinaires et les populations qui les habitent ont à offrir.

Le Népal possède cette capacité rare de transformer profondément ceux qui arpentent ses sentiers d’altitude, offrant bien plus qu’une simple aventure sportive : une véritable initiation à l’humilité face aux géants de pierre et à la richesse des rencontres humaines dans ces contrées reculées. Quelle que soit votre décision finale, vous vous apprêtez à vivre l’une des plus belles expériences qu’un amoureux de la montagne puisse espérer, alors préparez-vous soigneusement, rêvez grand, et lancez-vous sur ces sentiers mythiques qui ont fait vibrer des générations d’aventuriers avant vous ! ⛰️

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