Le Canada figure parmi les destinations de randonnée les plus spectaculaires au monde, offrant une diversité de paysages qui n’a d’égal que l’immensité de son territoire. Des montagnes majestueuses des Rocheuses aux côtes sauvages de l’Atlantique, en passant par les forêts ancestrales de la Colombie-Britannique, ce pays immense réserve des aventures inoubliables aux amoureux de la marche. Chaque province dévoile ses propres trésors naturels, façonnés par des millions d’années d’évolution géologique et préservés grâce à un réseau impressionnant de parcs nationaux et provinciaux.
Avec plus de 48 parcs nationaux répartis sur l’ensemble du territoire, le Canada protège près de 450 000 kilomètres carrés d’espaces naturels. Cette richesse exceptionnelle attire chaque année des millions de randonneurs venus du monde entier, désireux de fouler des sentiers où la nature règne en maître absolu. L’infrastructure développée par Parcs Canada permet d’accéder à ces merveilles tout en garantissant leur préservation pour les générations futures. Que vous soyez randonneur débutant ou alpiniste chevronné, le territoire canadien offre des itinéraires adaptés à tous les niveaux, chacun promettant des panoramas à couper le souffle et des rencontres mémorables avec une faune sauvage préservée.
La meilleure période pour entreprendre ces randonnées s’étend généralement de juin à septembre, bien que certains sentiers restent accessibles en dehors de cette fenêtre. Les conditions météorologiques peuvent néanmoins changer rapidement en montagne, transformant une journée ensoleillée en tempête de neige même en plein été. Cette variabilité climatique fait partie intégrante de l’expérience canadienne et rappelle aux marcheurs l’importance d’une préparation minutieuse avant chaque sortie.
Le lac Moraine et la vallée des Dix Pics
Situé dans le parc national de Banff en Alberta, le lac Moraine constitue l’une des icônes naturelles les plus photographiées du Canada. Ses eaux d’un bleu turquoise saisissant contrastent magnifiquement avec les sommets enneigés de la vallée des Dix Pics qui l’entourent. Le sentier de la Rockpile, bien que court avec seulement 300 mètres de dénivelé sur 1,5 kilomètre, offre un point de vue absolument spectaculaire sur ce joyau des Rocheuses. Des millions de visiteurs gravissent chaque année cet amas rocheux pour contempler ce panorama immortalisé sur d’anciens billets de banque canadiens.
Pour les randonneurs plus expérimentés, le sentier menant au col Sentinel représente une alternative fascinante permettant d’explorer plus en profondeur cette région extraordinaire. Cette randonnée de 11,6 kilomètres aller-retour avec 725 mètres de dénivelé traverse des forêts de mélèzes qui se parent d’or flamboyant à l’automne, créant un spectacle naturel d’une beauté renversante. La montée progressive révèle progressivement des vues imprenables sur le lac Moraine en contrebas, avant d’atteindre le col où s’ouvre un panorama à 360 degrés sur les sommets environnants.

L’affluence touristique dans ce secteur a conduit les autorités du parc à mettre en place un système de navettes obligatoire durant la haute saison, généralement de fin mai à début octobre. Cette mesure vise à préserver l’écosystème fragile tout en permettant au plus grand nombre de profiter de ces paysages exceptionnels. Il est fortement recommandé de réserver son créneau horaire plusieurs semaines à l’avance, car les places s’envolent rapidement. Les randonneurs matinaux seront récompensés par une lumière dorée sublimant les eaux turquoise du lac, tandis que les retardataires profiteront d’une ambiance plus calme en soirée, lorsque les excursionnistes d’une journée ont quitté les lieux.
Le sentier Skyline dans le parc national de Jasper
Le sentier Skyline représente sans conteste l’une des randonnées alpines les plus extraordinaires du Canada, sinon du monde entier. Cette traversée de 44 kilomètres serpente à travers les prairies alpines du parc national de Jasper, maintenant les marcheurs au-dessus de la limite des arbres pendant la majeure partie du parcours. Les panoramas à 360 degrés sur les sommets enneigés des Rocheuses canadiennes se succèdent kilomètre après kilomètre, offrant un spectacle naturel d’une ampleur rarement égalée.
Cette aventure exigeante nécessite généralement deux à trois jours de marche, avec un dénivelé cumulé de 1 475 mètres. Les randonneurs bivouaquent dans des campings désignés équipés de plates-formes pour tentes et de cache-aliments pour se protéger des ours grizzlis et noirs qui parcourent régulièrement la région. La faune sauvage constitue d’ailleurs l’un des points forts de cette randonnée : caribous des bois, chèvres de montagne, marmottes et pikas côtoient les marcheurs dans leur habitat naturel. En 2023, Parcs Canada a recensé plus de 80 grizzlis dans le parc national de Jasper, rappelant l’importance de respecter les consignes de sécurité et de transporter de la nourriture dans des contenants hermétiques.

Le point culminant de la randonnée se trouve au col Notch, perché à 2 530 mètres d’altitude, d’où la vue embrasse une étendue vertigineuse de sommets rocheux s’étirant jusqu’à l’horizon. Par temps clair, on peut apercevoir le glacier Athabasca au loin, témoignage glacé d’une ère révolue qui continue néanmoins de reculer sous l’effet du réchauffement climatique. Les conditions météorologiques en altitude peuvent être extrêmes même en été, avec des températures nocturnes approchant le point de congélation et des vents violents balayant les crêtes exposées. Un équipement adapté comprenant des vêtements chauds, imperméables et coupe-vent s’avère donc absolument indispensable pour profiter pleinement de cette expérience exceptionnelle en toute sécurité.
Le sentier de la Côte-Ouest sur l’île de Vancouver
Radicalement différent des paysages montagneux des Rocheuses, le sentier de la Côte-Ouest offre une immersion totale dans l’univers sauvage du littoral pacifique canadien. Cette randonnée légendaire de 75 kilomètres longe les plages déchiquetées et les forêts pluviales tempérées de l’île de Vancouver en Colombie-Britannique, créant une atmosphère mystique où la brume marine se mêle aux embruns salés. Accessible uniquement entre le 1er mai et le 30 septembre en raison des conditions hivernales extrêmes, ce sentier attire environ 8 000 randonneurs chaque année, attirés par son caractère sauvage et authentique.
La traversée complète nécessite généralement cinq à sept jours de marche, selon le rythme adopté et les conditions de marée qui dictent parfois les horaires de progression. Les randonneurs bivouaquent sur des plages isolées où les seuls bruits sont le fracas des vagues du Pacifique et les cris des aigles à tête blanche planant au-dessus des cèdres géants. L’infrastructure est volontairement minimale pour préserver le caractère sauvage du lieu : des échelles verticales permettent de franchir certains passages rocheux, tandis que des câbles sécurisent les traversées de ravins boisés. Cette approche rustique fait partie intégrante de l’aventure et rappelle constamment aux marcheurs qu’ils évoluent dans un environnement naturel peu modifié par l’homme.

La diversité biologique rencontrée le long du parcours s’avère tout simplement stupéfiante. Les bassins de marée regorgent d’anémones multicolores, d’étoiles de mer et d’oursins, tandis que les forêts côtières abritent des arbres millénaires atteignant des dimensions impressionnantes. Les chanceux apercevront peut-être des baleines grises migrant au large, des loutres de mer jouant dans les varechs ou des loups côtiers parcourant les plages à la recherche de nourriture. Cette faune exceptionnelle témoigne de la richesse écologique de la côte pacifique canadienne, où les écosystèmes marins et terrestres s’entremêlent dans une harmonie fragile mais résiliente.
Le parc national du Gros-Morne à Terre-Neuve
Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1987, le parc national du Gros-Morne offre des paysages d’une beauté brutale façonnés par les glaciers et les forces tectoniques. Situé sur la côte ouest de Terre-Neuve, ce territoire exceptionnel permet d’observer des formations géologiques uniques au monde, notamment le plateau rocheux des Tablelands où affleure le manteau terrestre. Cette particularité géologique rare offre aux visiteurs l’opportunité unique de fouler des roches normalement enfouies à plusieurs kilomètres sous la surface terrestre.
La randonnée du fjord Western Brook Pond constitue l’expérience phare du parc, combinant une marche accessible de 16 kilomètres aller-retour avec une croisière optionnelle sur le fjord lui-même. Le sentier traverse d’abord une tourbière plate où poussent plantes carnivores et orchidées sauvages, avant d’atteindre le fjord encaissé entre des falaises vertigineuses de 600 mètres de hauteur. Des cascades spectaculaires dévalent ces parois abruptes, alimentées par la fonte des neiges et les précipitations abondantes caractéristiques de cette région atlantique. L’eau du fjord, d’une pureté cristalline, provient directement de la fonte glaciaire et peut atteindre 165 mètres de profondeur, créant un habitat unique pour diverses espèces de poissons d’eau douce.

Pour les randonneurs aguerris recherchant un défi plus corsé, l’ascension du Gros-Morne Mountain représente une aventure mémorable culminant à 806 mètres d’altitude. Cette montée exigeante de 16 kilomètres avec 800 mètres de dénivelé commence dans une forêt boréale dense avant de déboucher sur un plateau alpin balayé par les vents. Le sommet offre une vue panoramique extraordinaire sur les Tablelands ocre, les fjords profonds et l’océan Atlantique s’étendant à perte de vue. Les conditions météorologiques peuvent toutefois se détériorer rapidement, la région étant sujette à des brouillards épais et des vents violents même en plein été. Environ 15 000 randonneurs relèvent ce défi chaque année, attirés par la beauté austère et la dimension géologique fascinante de ce massif unique.
Les essentiels pour randonner au Canada
La préparation matérielle constitue un élément crucial pour profiter pleinement des randonnées canadiennes en toute sécurité. Contrairement à d’autres destinations où l’improvisation reste envisageable, le Canada exige une organisation minutieuse en raison des distances considérables, de l’éloignement des sentiers et des conditions météorologiques parfois extrêmes. Un équipement inadapté peut rapidement transformer une belle aventure en situation problématique, voire dangereuse.
Voici les éléments indispensables à emporter lors de vos randonnées :
- Système de purification d’eau : les sources naturelles abondent dans les parcs canadiens, mais elles peuvent contenir des parasites comme la giardia. Un filtre ou des pastilles de purification permettent de s’hydrater en toute sécurité sans transporter des litres d’eau inutilement.
- Vêtements en couches adaptés : le système multicouches reste la meilleure approche face aux variations thermiques importantes. Une couche de base respirante, une couche isolante chaude et une couche externe imperméable permettent de s’adapter rapidement aux changements climatiques brutaux typiques des montagnes canadiennes.
- Protection contre les insectes : les moustiques et mouches noires peuvent être féroces durant l’été, particulièrement dans les régions humides et boisées. Un répulsif efficace contenant du DEET ou de l’icaridine devient indispensable de juin à août dans certaines régions.
- Spray anti-ours : dans les régions fréquentées par les ours, cet équipement de sécurité pourrait vous sauver la vie. Les statistiques de Parcs Canada montrent que les sprays au poivre constituent la méthode de dissuasion la plus efficace lors d’une rencontre rapprochée avec un ours agressif.
- Carte topographique et boussole : malgré la tentation de se reposer uniquement sur les applications GPS, un équipement de navigation traditionnel reste essentiel. Les batteries se déchargent, les signaux satellites disparaissent en forêt dense, mais une carte papier fonctionne toujours.
- Trousse de premiers soins complète : au-delà des pansements basiques, incluez des bandages élastiques pour les entorses, un traitement contre les ampoules, des médicaments contre les allergies et une couverture de survie.
- Nourriture énergétique : privilégiez des aliments à haute densité calorique comme les noix, le chocolat, les barres énergétiques et les repas lyophilisés pour les randonnées de plusieurs jours. Prévoyez toujours des rations supplémentaires en cas de retard imprévu.

L’investissement dans un équipement de qualité peut sembler conséquent initialement, mais il garantit confort et sécurité sur le long terme. Les magasins spécialisés canadiens comme MEC (Mountain Equipment Co-op) offrent des conseils avisés et des produits adaptés aux conditions locales spécifiques. N’hésitez pas à solliciter l’expertise des vendeurs qui connaissent intimement les défis des sentiers canadiens.
Quand partir randonner au Canada
La saisonnalité influence considérablement l’expérience de randonnée au Canada, chaque période offrant ses avantages et contraintes spécifiques. La saison estivale de juin à septembre représente la fenêtre idéale pour la majorité des sentiers, particulièrement en altitude où la neige persiste souvent jusqu’en juillet. Durant cette période, les températures diurnes oscillent généralement entre 15 et 25 degrés Celsius dans les Rocheuses, créant des conditions agréables pour la marche. Les journées s’étirent jusqu’à 16 heures de lumière en juin, permettant d’entreprendre de longues randonnées sans contrainte temporelle excessive.
Néanmoins, cette popularité estivale génère une affluence importante sur les sentiers les plus célèbres comme le lac Moraine ou le sentier Plain of Six Glaciers à Banff. Certains randonneurs préfèrent donc les saisons intermédiaires de mai et octobre, offrant davantage de tranquillité malgré des conditions plus incertaines. Le printemps révèle la renaissance de la nature après l’hiver rigoureux, avec des cascades gonflées par la fonte des neiges et une végétation luxuriante. L’automne pare les forêts de couleurs flamboyantes, particulièrement spectaculaires dans les régions de mélèzes des Rocheuses qui prennent des teintes dorées époustouflantes fin septembre.
Les conditions hivernales transforment radicalement les sentiers canadiens, les rendant accessibles uniquement aux randonneurs expérimentés équipés de raquettes ou skis de randonnée. Certains parcs comme celui de la Mauricie au Québec entretiennent des sentiers hivernaux offrant une expérience magique dans des paysages enneigés silencieux. La prudence reste toutefois de mise car les risques d’avalanche, d’hypothermie et de désorientation augmentent significativement durant cette période. Les services d’urgence sont également réduits dans de nombreux parcs durant l’hiver, rallongeant considérablement les délais d’intervention en cas de problème.
