
- 23/10/2025
- By: OutWild
- in: Corée du Sud, Randonnée, VTT
La Roumanie demeure l’un des secrets les mieux gardés d’Europe pour les amoureux de la marche en montagne. Coincée entre les Carpates majestueuses et les plaines verdoyantes, cette destination surprend par la diversité de ses paysages et l’authenticité de ses sentiers. Contrairement aux Alpes surpeuplées, les montagnes roumaines offrent une expérience de randonnée presque sauvage, où croiser un ours brun reste possible et où les villages traditionnels semblent figés dans le temps. Le pays compte plus de 3 000 kilomètres de sentiers balisés, traversant des parcs nationaux préservés, des gorges spectaculaires et des crêtes panoramiques à couper le souffle 🏔️.
Les randonneurs y découvrent un territoire où la nature règne encore en maître, avec des forêts primaires parmi les dernières d’Europe, des prairies alpines parsemées de fleurs sauvages et des lacs glaciaires nichés au creux des cirques montagneux. La chaîne des Carpates s’étend sur 1 500 kilomètres à travers le territoire roumain, formant un arc impressionnant qui abrite une biodiversité exceptionnelle. Selon les données du ministère du Tourisme roumain, le pays accueille environ 6 000 ours bruns, 2 500 loups et 1 500 lynx, faisant de ces montagnes l’un des derniers refuges européens pour la grande faune.
L’accessibilité constitue un autre atout majeur. Les prix restent largement inférieurs à ceux pratiqués dans les destinations alpines classiques, avec des refuges confortables proposant nuitée et repas pour 15 à 25 euros par personne. Les infrastructures touristiques se sont considérablement améliorées ces dernières années, tout en préservant le caractère authentique des régions montagnardes. Les hébergements traditionnels, appelés « pensiuni », permettent de découvrir l’hospitalité roumaine et de goûter à une cuisine généreuse à base de produits locaux.
Les Monts Făgăraș représentent sans conteste le massif le plus impressionnant de Roumanie, surnommé les « Alpes de Transylvanie ». Cette chaîne culmine à 2 544 mètres au Moldoveanu, le point le plus élevé du pays, et s’étend sur près de 70 kilomètres de crêtes spectaculaires. Le sentier de grande randonnée qui parcourt l’intégralité de la ligne de crête constitue l’un des itinéraires les plus prisés d’Europe de l’Est, offrant des panoramas à 360 degrés sur des vallées profondes et des sommets déchiquetés. L’engagement reste sérieux, avec plusieurs sections techniques nécessitant une bonne condition physique et une expérience de la montagne.
La traversée intégrale demande généralement cinq à sept jours, selon le rythme et les conditions météorologiques. Les randonneurs expérimentés peuvent même réaliser l’exploit en quatre jours, mais cela implique des étapes longues et éprouvantes. Le dénivelé cumulé atteint facilement 10 000 mètres sur l’ensemble du parcours, avec des montées raides et des passages exposés nécessitant parfois l’usage des mains. Les refuges jalonnent le parcours à intervalles réguliers, offrant un abri bienvenu en cas de mauvais temps, fréquent même en été dans ces altitudes supérieures à 2 000 mètres.
Le parcours débute généralement à Bâlea Lac, un lac glaciaire accessible par téléphérique depuis la vallée, facilitant ainsi l’approche. Les premiers kilomètres serpentent entre des paysages lunaires ponctués de blocs erratiques et de névés persistants jusqu’en juillet. La flore alpine y déploie ses couleurs dès le printemps, avec des rhododendrons, des edelweiss et des centaines d’espèces endémiques. Les chamois bondissent sur les pentes escarpées, tandis que les aigles royaux planent au-dessus des crêtes. Un randonneur témoigne : « J’ai parcouru les Alpes pendant vingt ans, mais la sensation de solitude et de nature vierge que j’ai ressentie sur la crête des Făgăraș reste incomparable. On peut marcher une journée entière sans croiser âme qui vive. »
Les sections les plus techniques se situent entre le Moldoveanu et le Negoiu (2 535 mètres), le deuxième sommet roumain. Des câbles métalliques sécurisent certains passages rocheux, particulièrement appréciables par temps humide ou en présence de neige. La météo change rapidement dans ce massif, avec des orages violents qui peuvent surgir en quelques heures. Il convient d’emporter un équipement complet incluant vêtements chauds, imperméables et de quoi s’orienter même par visibilité nulle. Les cartes topographiques au 1:25000 restent indispensables malgré le balisage généralement correct avec des bandes rouges.
Les Monts Apuseni, situés à l’ouest de la Transylvanie, proposent un style de randonnée complètement différent mais tout aussi captivant. Ce massif karstique abrite un réseau extraordinaire de grottes et canyons, façonné par des millions d’années d’érosion. Les Gorges de Turda constituent l’une des attractions phares de la région, avec leurs parois calcaires verticales dépassant parfois 300 mètres de hauteur. Le sentier longe une rivière cristalline, traversant des tunnels naturels et des passages étroits où le soleil peine à pénétrer 🌄.
La randonnée dans les Gorges de Turda s’effectue sur environ 6 kilomètres, accessible aux marcheurs de tous niveaux. Le chemin pavé dans les sections les plus fréquentées cède progressivement la place à un sentier naturel qui grimpe sur les hauteurs, offrant des points de vue vertigineux sur les méandres de la gorge. Les amateurs d’escalade profitent également des falaises équipées de voies sportives de tous niveaux. La région compte plus de 400 grottes recensées, dont certaines ouvertes au public comme la Grotte de Scărișoara, qui renferme le plus ancien glacier souterrain d’Europe, vieux de 3 500 ans.
Les villages traditionnels parsemant les Apuseni ajoutent une dimension culturelle unique aux randonnées. Les habitants perpétuent des modes de vie ancestraux, avec l’agriculture de montagne et l’artisanat du bois. Les maisons en bois traditionnel, appelées « case vechi », témoignent d’une architecture séculaire parfaitement adaptée au climat montagnard. Dans la commune de Gârda de Sus, les randonneurs peuvent découvrir le canyon de Dumbrava, moins connu mais tout aussi spectaculaire, avec ses cascades successives et ses bassins naturels où se baigner pendant l’été.
Le Parc Naturel des Apuseni s’étend sur plus de 75 000 hectares, protégeant des écosystèmes forestiers remarquables. Les hêtraies primaires, inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO, abritent des arbres centenaires dont certains dépassent 40 mètres de hauteur. La biodiversité y atteint des niveaux exceptionnels, avec des espèces rares comme le rosalie alpine, un coléoptère protégé, ou le triton des Carpates. Les itinéraires de randonnée permettent d’explorer ces forêts majestueuses, suivant d’anciens chemins de transhumance où les bergers conduisaient leurs troupeaux vers les pâturages d’altitude.
Le Parc National du Retezat, créé en 1935, figure parmi les plus anciennes aires protégées de Roumanie. Ce massif compact culmine à 2 509 mètres au Peleaga et concentre plus de 80 lacs glaciaires, un record pour les Carpates. Ces étendues d’eau cristalline, nichées dans des cirques rocheux, offrent des paysages d’une beauté saisissante, rappelant parfois les grands parcs américains. Le lac Bucura, le plus grand lac glaciaire de Roumanie avec ses 8,9 hectares, constitue une destination emblématique accessible après plusieurs heures de marche depuis Carnic, le village de départ le plus fréquenté.
Les sentiers du Retezat serpentent à travers des vallées boisées avant de s’élever progressivement vers la zone alpine. La montée vers le lac Bucura commence dans une forêt dense d’épicéas et de pins, où les ruisseaux bouillonnants accompagnent les randonneurs. Au fil de l’ascension, la végétation se raréfie, laissant place aux rhododendrons et aux pelouses alpines. Les marmottes sifflent à l’approche des marcheurs, tandis que les bouquetins observent depuis les hauteurs. Le dénivelé positif dépasse 1 200 mètres depuis Carnic, exigeant une condition physique correcte et une bonne gestion de l’effort.
Le bivouac sauvage reste autorisé dans le parc, à condition de respecter certaines règles. Les campeurs doivent s’installer après 18 heures et plier bagages avant 9 heures du matin, en ne laissant aucune trace de leur passage. Cette réglementation permet une immersion totale dans la nature, avec la possibilité de passer la nuit au bord d’un lac d’altitude sous un ciel étoilé d’une pureté exceptionnelle. Un randonneur passionné raconte : « Bivouaquer près du lac Bucura reste l’une de mes expériences de montagne les plus mémorables. Le silence absolu, seulement brisé par le clapotis de l’eau, et les sommets rougis par le coucher de soleil créent une atmosphère presque irréelle. »
Les possibilités de randonnées dans le Retezat se comptent par dizaines, des balades faciles aux courses de haute montagne techniques. La traversée des principaux sommets du massif représente un défi relevé par les alpinistes confirmés, avec des passages rocheux de niveau II à III. Le sentier qui relie le refuge Pietrele à celui de Buta passe par plusieurs cols spectaculaires, offrant des vues plongeantes sur les vallées environnantes. La faune du Retezat inclut les cinq grands carnivores européens : ours, loup, lynx, glouton et chacal doré, bien que les observations restent rares et nécessitent patience et discrétion.
Les Gorges de Bicaz comptent parmi les formations géologiques les plus spectaculaires de Roumanie. Cette entaille de 8 kilomètres traverse les montagnes Hășmaș, avec des parois verticales atteignant 300 à 400 mètres de hauteur. La route nationale qui serpente au fond de la gorge offre déjà un spectacle impressionnant, mais les sentiers de randonnée permettent d’accéder aux hauteurs et de découvrir des perspectives vertigineuses. Le contraste entre les falaises calcaires claires et la végétation luxuriante accentue le caractère dramatique du paysage 🦅.
À proximité immédiate, le lac Lacul Roșu (Lac Rouge) tire son nom d’une catastrophe naturelle survenue en 1837. Un glissement de terrain massif a barré le cours de la rivière Bicaz, créant ce plan d’eau d’une superficie de 11 hectares. Les troncs des arbres engloutis émergent encore aujourd’hui de l’eau, créant un tableau fantomatique et photogénique. Plusieurs sentiers permettent de faire le tour du lac ou de grimper sur les hauteurs environnantes, offrant des points de vue exceptionnels sur cette curiosité naturelle.
Le massif du Ceahlău, visible depuis les Gorges de Bicaz, domine la région du haut de ses 1 907 mètres. Surnommé « l’Olympe de Roumanie », ce massif isolé possède une importance culturelle et spirituelle considérable. Les légendes daces y situaient la demeure de leur principal dieu, Zamolxis, et les formations rocheuses du sommet portent des noms évocateurs comme le Dochia ou le Toaca. La montée depuis Durău, la station de montagne principale, s’effectue en trois à quatre heures par le sentier classique, traversant des forêts de conifères avant d’atteindre les crêtes rocheuses.
Les randonnées dans le Ceahlău offrent une diversité remarquable malgré la taille modeste du massif. Le tour complet du plateau sommital, appelé « Traseul Vârfului », nécessite une journée entière et combine marche en crête, passages rocheux et descente par des vallées sauvages. Les panoramas depuis le sommet Ocolașul Mare embrassent une bonne partie de la Moldavie, avec les plaines s’étendant à perte de vue vers l’est. Le refuge Dochia, perché à 1 750 mètres, permet de passer la nuit en montagne et d’assister aux levers de soleil depuis les hauteurs du Ceahlău, un spectacle qui marque durablement les mémoires.
Randonner en Roumanie nécessite une préparation adaptée, même si les infrastructures se sont améliorées. La période idéale s’étend de juin à septembre pour les hautes altitudes, les mois de juillet et août offrant les conditions les plus stables. Les orages d’après-midi restent fréquents en montagne, imposant des départs matinaux pour les courses longues. Les températures peuvent chuter brutalement même en plein été au-dessus de 2 000 mètres, avec des gelées nocturnes possibles. Un équipement trois saisons complet s’impose, incluant sac de couchage adapté, vêtements imperméables et couches thermiques.
L’orientation demande une attention particulière. Le balisage existe sur les principaux itinéraires, généralement sous forme de bandes de peinture tricolores (blanc-rouge-blanc pour les sentiers de montagne, jaune pour les itinéraires faciles, bleu pour les circuits). Cependant, l’entretien varie considérablement selon les secteurs, et certaines marques s’effacent avec le temps. Une carte topographique détaillée et une boussole, voire un GPS, constituent des accessoires indispensables pour éviter les mésaventures. Les applications de randonnée comme Maps.me ou Wikiloc proposent des traces GPS téléchargeables, particulièrement utiles dans les zones isolées.
La question de la faune sauvage préoccupe souvent les randonneurs, notamment concernant les ours. Les attaques restent extrêmement rares, la plupart des ours évitant naturellement les humains. Quelques règles simples limitent les risques : faire du bruit en marchant, éviter les randonnées au crépuscule ou à l’aube, ne jamais approcher un ourson, et ne laisser aucune nourriture accessible près du campement. Les sifflets et les sprays anti-ours peuvent rassurer, bien que leur efficacité fasse débat. Un guide local confie : « En trente ans de montagne, j’ai croisé des ours une dizaine de fois. À chaque occasion, l’animal s’est enfui dès qu’il m’a repéré. Le respect de leur territoire et un comportement approprié suffisent généralement. »
Les refuges de montagne roumains proposent un confort variable. Certains, récemment rénovés, offrent des chambres avec draps, eau chaude et repas copieux. D’autres restent sommaires, avec des dortoirs et des équipements basiques. La réservation s’avère recommandée en haute saison, particulièrement dans les Făgăraș où les places peuvent manquer. Les prix demeurent très raisonnables, généralement entre 15 et 30 euros pour la nuitée avec demi-pension. Le bivouac, autorisé dans la plupart des parcs nationaux selon certaines conditions, permet une approche plus sauvage et économique.
Équipement recommandé pour randonner en Roumanie :