La montagne est un environnement aussi beau que dangereux. Les paysages spectaculaires cachent souvent des défis naturels impitoyables : températures glaciales, terrains accidentés, vents violents, manque d’oxygène en altitude, et faune sauvage. Pour ceux qui aiment les randonnées ou les expéditions dans ces milieux extrêmes, savoir comment réagir en cas de situation critique est indispensable. Cet article propose cinq techniques essentielles pour survivre en montagne et braver les conditions extrêmes.
L’importance de l’abri
L’une des premières choses à prendre en compte en montagne est la protection contre les intempéries. Le froid, la neige, la pluie, et le vent peuvent rapidement transformer une randonnée paisible en une situation de vie ou de mort. Sans abri adéquat, l’hypothermie peut s’installer en quelques heures, voire plus rapidement dans des conditions extrêmes.
Si vous ne pouvez pas atteindre un refuge ou un abri naturel, vous devrez créer votre propre abri. En haute montagne, la neige peut devenir un allié. Construire un igloo ou un abri à neige, bien que demandant du temps et de l’énergie, offre une protection efficace contre le vent glacial. Ce type d’abri retient la chaleur corporelle, réduisant ainsi les risques de gelure ou d’hypothermie. S’il n’y a pas de neige, des matériaux comme des branches, des rochers ou même un sac de couchage ou une bâche peuvent être utilisés pour créer un abri temporaire.
Il est également crucial de se positionner dans un endroit qui n’est pas exposé aux risques naturels comme les avalanches ou les chutes de rochers. Choisissez toujours une zone qui semble relativement protégée et éloignée de ces dangers. Une bonne préparation avant toute expédition, avec du matériel d’abri léger mais performant, peut vous sauver la vie.
Faire du feu
Le feu est non seulement une source de chaleur, mais il joue également un rôle crucial pour faire fondre de la neige et la transformer en eau potable, pour sécher vos vêtements humides, et même pour signaler votre position en cas de secours. Savoir allumer un feu dans des conditions difficiles est donc une compétence essentielle pour la survie en montagne.
Dans un environnement enneigé ou humide, trouver des matériaux secs peut être un défi. Les petites branches des conifères, en particulier celles situées sur la face inférieure des arbres, sont souvent les meilleures candidates pour démarrer un feu. Elles sont généralement moins exposées à la neige et au vent et, de ce fait, plus sèches que les autres matériaux.
Il est également recommandé de toujours avoir sur soi un kit d’allumage. Un briquet, des allumettes imperméables ou un firesteel (bâton de ferrocérium) sont des outils essentiels. En plus de ces éléments, emporter des allume-feu tels que des cotons imbibés de vaseline ou des cubes d’allumage peut faire la différence entre un feu qui prend rapidement et un combat désespéré contre le froid.
Le feu peut aussi servir à cuire des aliments, et dans certaines situations critiques, un feu bien alimenté et visible depuis une distance peut attirer l’attention des équipes de secours. Toutefois, il est important de maîtriser les techniques d’allumage en conditions venteuses ou humides avant de partir en expédition.
Trouver et purifier de l’eau
L’eau est essentielle pour la survie en montagne. Cependant, dans les environnements de haute altitude, elle peut parfois sembler abondante sous forme de neige ou de glace, mais en réalité, boire de l’eau non traitée peut poser de graves risques pour la santé. La déshydratation, même dans des conditions froides, peut affaiblir rapidement le corps, provoquant des maux de tête, une fatigue intense, et des pertes de concentration qui peuvent être fatales dans une situation de survie.
La première étape est de savoir où chercher de l’eau. Les sources naturelles, telles que les ruisseaux ou les rivières de montagne, sont idéales, mais elles ne sont pas toujours accessibles. Si vous êtes entouré de neige, faire fondre de la neige propre avec précaution peut fournir une source d’eau. Cependant, manger de la neige directement est déconseillé car cela refroidit votre corps, augmentant ainsi le risque d’hypothermie. Si possible, essayez de chauffer la neige avant de la consommer.
Une fois que vous avez trouvé de l’eau, il est essentiel de la purifier. Même dans les montagnes, l’eau peut être contaminée par des parasites, des bactéries ou d’autres pathogènes. Emporter des comprimés de purification ou un filtre à eau portable est une sage précaution. Sinon, faire bouillir l’eau pendant quelques minutes est une méthode de purification efficace si vous avez les moyens de le faire.
Se nourrir
En montagne, la nourriture devient une source précieuse d’énergie pour maintenir votre corps au chaud et actif. Sans un apport suffisant en calories, vous risquez l’épuisement, l’hypothermie et même la mort. Lorsqu’on se trouve dans une situation d’urgence, trouver de la nourriture dans la nature n’est pas toujours évident, surtout en haute altitude.
Si vous avez bien préparé votre expédition, vous devriez toujours avoir des provisions de survie : des barres énergétiques, des fruits secs, du chocolat, et d’autres aliments riches en calories. Ces aliments sont faciles à transporter et apportent une énergie rapide. Cependant, si vos réserves s’épuisent, vous devrez peut-être envisager de trouver de la nourriture sur place.
Les animaux sauvages, bien que rarement rencontrés dans les régions de haute montagne, peuvent parfois offrir une source de nourriture. Piéger de petits animaux ou pêcher dans les rivières gelées (si vous avez les outils appropriés) sont des solutions envisageables. Les plantes comestibles en haute montagne sont rares, mais certaines baies ou racines peuvent être consommées avec précaution, à condition de bien les identifier.
Cependant, la chasse et la cueillette demandent du temps et de l’énergie, deux ressources que vous pourriez manquer dans une situation de survie. Il est donc préférable de toujours avoir sur soi suffisamment de nourriture pour quelques jours, même en cas de randonnée d’une journée.
Connaître les signaux de détresse et s’orienter en cas de perte de chemin
Se perdre en montagne est une situation qui peut rapidement tourner au drame. La visibilité peut être réduite à cause du brouillard, des chutes de neige ou de la nuit qui tombe. De plus, sans un équipement approprié, comme une carte, une boussole ou un GPS, il est facile de s’égarer, même pour les randonneurs expérimentés.
Dans ces conditions, la première règle est de ne pas paniquer. S’arrêter, réfléchir et évaluer la situation sont des étapes cruciales pour augmenter vos chances de retrouver votre chemin ou d’attendre les secours dans de meilleures conditions. Si vous avez un GPS, vérifiez votre position. Si ce n’est pas le cas, essayez de vous souvenir des points de repère que vous avez vus plus tôt, comme un sommet, une rivière ou une forêt. La règle d’or est de ne jamais descendre trop vite, car cela pourrait vous éloigner des sentiers connus.
Si vous êtes réellement perdu et qu’il est peu probable que vous retrouviez votre chemin rapidement, il est essentiel de savoir comment signaler votre position. Un sifflet est un outil simple mais efficace : le signal de détresse universel est composé de trois coups courts. Vous pouvez aussi utiliser un miroir de signalisation, ou même un feu si vous êtes dans une zone dégagée.
Dans le pire des cas, une balise de détresse (PLB – Personal Locator Beacon) peut envoyer un signal satellite indiquant votre position exacte aux secours. Cet appareil peut sauver des vies dans les zones reculées où la couverture téléphonique est inexistante. Même si cela semble un investissement important, avoir un PLB pour les expéditions en montagne peut faire toute la différence.
La préparation mentale
La survie en montagne ne repose pas uniquement sur des compétences techniques ou physiques. L’état d’esprit joue un rôle fondamental pour traverser des moments critiques. En situation de détresse, le stress et la peur peuvent rapidement envahir l’esprit, affectant la capacité à prendre des décisions rationnelles. C’est pourquoi la préparation mentale est essentielle.
La première règle est de garder son calme. La panique mène souvent à des décisions impulsives, qui peuvent aggraver une situation déjà difficile. Les personnes qui survivent dans des conditions extrêmes sont souvent celles qui parviennent à conserver une attitude calme et réfléchie. Visualiser des scénarios avant de partir, pratiquer des exercices de gestion du stress, et savoir accepter l’imprévu peuvent grandement améliorer votre capacité à gérer une crise.
Le mental joue aussi un rôle dans la gestion de la douleur, de la fatigue et des situations extrêmes où l’espoir semble faible. Dans de nombreuses situations de survie, l’endurance psychologique est aussi importante, sinon plus, que la forme physique. Cultiver cette force intérieure avant d’affronter la montagne est donc une stratégie essentielle pour augmenter vos chances de survie.
Pour finir…
La montagne est un terrain magnifique mais impitoyable. La survie dans cet environnement extrême repose sur une combinaison de compétences techniques, de préparation matérielle, et de résilience mentale. Les cinq techniques abordées ici ne sont qu’une base, mais elles peuvent faire la différence entre la vie et la mort en cas de conditions imprévues.
Que vous soyez un alpiniste aguerri ou un randonneur occasionnel, il est crucial de toujours être préparé, physiquement et mentalement, avant d’affronter les hauteurs. N’oubliez pas que même la meilleure préparation ne remplace pas la prudence. En montagne, la sagesse consiste souvent à savoir quand faire demi-tour et attendre des conditions plus favorables.