- 07/11/2024
- By: OutWild
- in: Alpinisme, Escalade, Exploration, Outdoor
Bienvenue dans un périple épique à travers le désert australien, où l’audace, la détermination et la résilience se conjuguent pour former une aventure hors du commun. Dans cet article, nous vous emmènerons à la découverte du récit extraordinaire d’Ian Devreese, un aventurier intrépide qui a osé défier les éléments en entreprenant la Traversée Ouest-Est du désert de Simpson. Cette terre aride et inhospitalière, située au cœur de l’Australie, est l’un des environnements les plus hostiles de la planète.
Cependant, c’est précisément cette adversité qui a attiré Ian Devreese, un homme déterminé à repousser les limites de l’endurance humaine et à vivre une aventure qui restera gravée dans les annales de l’exploration. Plongez avec nous dans l’histoire fascinante de cette traversée audacieuse, où chaque grain de sable a son propre récit à raconter, chaque dune cache des défis inattendus, et où Ian Devreese a trouvé sa place parmi les légendes modernes de l’exploration. Accrochez-vous, car cette aventure est une véritable épopée d’endurance, de courage et de découverte au cœur de l’outback australien.
Le périple de Ian Devreese
Cet été j’ai réalisé mes deux premières expéditions dans le désert de Simpson en Australie. Considéré comme l’un des déserts les plus arides du monde, il est pourtant habité par de nombreuses plantes et espèces animales aussi variées que dangereuses. Situé au centre de l’Australie, le Simpson fait partie des environnements les plus extrêmes de notre planète. Vivre une aventure excitante au sein d’une nature profonde et encore intacte, c’est ça que j’étais venu chercher. Aujourd’hui, j’ai à cœur de partager ce que j’ai vécu avec la communauté Outwild !
Cette première expédition était sans aucun doute la plus difficile et la plus engageante des deux. Une traversée Ouest-Est du désert de Simpson en passant par son centre géographique, de Old Andado à Poeppel Corner. Seul, à pied, en sac à dos et en autonomie complète, ce qui signifie que je transportais avec moi toute mon eau, ma nourriture et mon équipement.
Cette traversée n’avait jusque-là été réalisée que par une seule personne au monde, l’aventurier belge Louis-Philippe Loncke, spécialiste des déserts et auteur de nombreuses premières mondiales. J’ai eu la chance de le rencontrer. On a longuement discuté et il m’a donné de nombreux et précieux conseils qui se sont avérés cruciaux pour ma préparation et une fois que j’étais sur le terrain.
L’aventure a débuté à Old Andado Station, une petite bourgade perdue dans le désert au sud d’Alice Springs. Chose suffisamment surprenante pour être soulignée, il pleuvait très légèrement le premier jour et le paysage était envahie d’une épaisse brume.
C’est après seulement quelques heures de marche que je me suis rendu compte de ma première erreur : mon sac à dos était beaucoup trop lourd ! Il m’écrasait littéralement. D’après mes recherches, dans le désert de Simpson, une moyenne de 4 litres d’eau par jour était nécessaire. En y ajoutant du sel (une faible quantité de sel permet de conserver l’eau dans le corps), on pouvait passer à 3 litres par jour, ce que j’ai fait. J’avais calculé environ 13 jours pour atteindre ma destination mais j’ai préféré prendre des réserves pour à peu près 16 jours en cas d’imprévu. Je transportais donc 47 litres d’eau, 15 kilos de matériel et 3 à 5 kilos de nourriture. Un sac à dos compris entre 65 et 67 kilos ! Autrement dit, un sac à dos beaucoup trop lourd ! Chaque pas était un calvaire et je peinais à faire 1 kilomètre par heure. Chaque dunes à traverser était un enfer et je devais m’arrêter tous les 20 mètres pour soulager mes épaules et mes hanches.
A ce rythme, même si chaque jour le poids de mon sac allait diminuer, j’étais trop lent. L’aventure venait de commencer et je me trouvais déjà dans une situation délicate. Déprimé, je décidais de faire une pause et de me calmer. Il fallait que je trouve une solution. La brume commençait à se dissiper, le soleil réapparaissait et devant moi s’offrait un spectacle époustouflant : un immense arc-en-ciel se dessinait dans le ciel. Tout en l’admirant, je prenais conscience de la chance que j’avais d’être ici.
Soudain, je me suis souvenu d’une stratégie un peu risqué que m’avait raconté Louis-Philippe Loncke et qu’il avait effectuée lors d’une de ses expéditions dans le désert : faire des allers-retours. Je décidais de l’imiter. J’ai donc laissé une partie de mes affaires sur place, ce qui m’a permis d’avancer avec un sac bien plus léger sur plusieurs kilomètres. Après quelques heures, je me suis de nouveau séparé d’une partie de mon équipement et j’ai fait demi-tour pour récupérer mon eau et mes vivres que j’ai retrouvé grâce à mon GPS.
Mentalement, c’était difficile de retourner en arrière mais au final j’avançais plus vite ! J’ai utilisé cette méthode durant 3 jours.
Cinq jours plus tard, bien que j’avançais plus rapidement, mon sac à dos était encore trop lourd et je ne parcourais pas assez de kilomètres journalier. J’ai pris une décision qui allait s’avérer être ma deuxième erreur.
Depuis le début de l’expédition, je ne mangeais pas beaucoup car la chaleur et la soif masquaient ma sensation de faim. J’ai donc décidé de me séparer d’une majeure partie de ma nourriture. Dans l’absolue, je pense que c’était une bonne idée de me séparer d’une partie de mes vivres, mais le problème, c’est que je n’en ai pas gardé assez. Malgré tout, grâce à cette action, j’ai pu alléger mon sac mais je n’ai pas tardé à me rendre compte que j’allais manquer d’énergie au vu de ce qu’il me restait à manger.
D’après mes calculs, j’avais encore 5 jours de marche devant moi, et avec ce que j’avais gardé comme vivre, j’avais seulement droit à 5 bars céréales par jour. Chaque jour, la faim se faisait de plus en plus sentir et j’ai perdu beaucoup de poids lors de cette dernière partie de l’expédition. Heureusement, le corps à tenu mais j’étais affamé quand je suis arrivé à Poeppel Corner.Pour finir, j’ai terminé mon aventure en 13 jours comme prévu avec 6 litres d’eau restant.
Chaque jour quelque chose de nouveau arrivait, quelque chose venaient perturber ce que j’avais prévu initialement. C’était primordial d’avoir une vision sur le long terme, mais vivre dans le moment présent et s’adapter à chaque situation imprévue l’était tout autant.
Cette première expédition fut pour moi une expérience bouleversante ! J’ai découvert un environnement dur et austère mais d’une beauté extraordinaire ! Malgré la fatigue, l’inconfort, la faim, la soif et la douleur, je me suis senti profondément libre et heureux. Ce voyage m’a ouvert l’esprit et ma façon de voir le monde. Mais il m’a aussi permis de découvrir une facette de moi-même que je ne connaissais pas.
Ça peut sembler étrange mais à certain moment j’avais le sentiment de redevenir “animal”, de faire pleinement partie de l’environnement qui m’entourait. C’est cette puissante sensation qui m’a poussé à repartir pour 700 kilomètres, en semi-autonomie cette fois-ci, après mon arrivée à Poeppel Corner ! Mais ça, c’est une autre histoire.
Pour aller plus loin…
Le désert de Simpson, connu sous le nom de « Simpson Desert » en anglais, est l’un des déserts les plus emblématiques et les plus redoutables d’Australie. Situé dans le centre du continent, il s’étend sur une superficie impressionnante, couvrant environ 176 500 kilomètres carrés. Ce désert doit son nom à l’explorateur australien Sir Thomas Simpson, qui a été l’un des premiers Européens à le traverser au milieu du XIXe siècle.
Voici quelques caractéristiques notables du désert de Simpson :
- Dunes de sable rouges : Le désert de Simpson est célèbre pour ses immenses dunes de sable rouge qui s’élèvent à des hauteurs impressionnantes. Les dunes sont souvent en forme de crêtes ondulantes et peuvent atteindre jusqu’à 40 mètres de hauteur, créant un paysage spectaculaire et parfois irréel.
- Milieu aride : Le désert de Simpson est l’un des environnements les plus arides de la planète. Les précipitations sont rares, et les températures peuvent varier considérablement, atteignant des sommets brûlants pendant la journée et des chutes abruptes la nuit.
- Faune et flore uniques : Malgré son apparence inhospitalière, le désert de Simpson abrite une variété de plantes et d’animaux adaptés à des conditions extrêmes. On y trouve des espèces telles que le lézard à queue épineuse, le serpent taïpan du désert, ainsi que des oiseaux et des insectes spécialement adaptés à ce milieu.
- Exploration et aventure : Le désert de Simpson a toujours été une destination prisée pour les aventuriers et les amateurs d’exploration. De nombreuses expéditions ont tenté de le traverser, défiant les éléments et la distance pour explorer ses terres sauvages.
- Défis logistiques : L’accès au désert de Simpson est limité, et il faut une planification minutieuse et des véhicules tout-terrain appropriés pour s’y aventurer. Les voyageurs doivent être autonomes en termes de fournitures et de carburant, car les points de ravitaillement sont rares.
- Parcs nationaux : Une partie du désert de Simpson est protégée dans le cadre du parc national de Simpson Desert, ce qui contribue à préserver son écosystème fragile et à promouvoir sa conservation.
En résumé, le désert de Simpson est un paysage désolé et magnifique, marqué par ses dunes de sable majestueuses, sa faune et sa flore uniques, et son histoire riche en exploration et en aventure. C’est un endroit où les voyageurs courageux peuvent se confronter à la beauté et à la rigueur implacables de la nature australienne.
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